
Célébrer les 75 ans de la Formule 1 à Magny-Cours, c’est aussi célébrer l’une de ses chevilles ouvrières, le grand Tico Martini, qui fête ses 90 ans. De l’école Winfield, le vivier des plus grands pilotes de Formule 1 tels qu’Alain Prost, Damon Hill, Jacques Laffite, Jean Alesi, Didier Pironi, Jean-Louis Schlesser, et encore Olivier Panis ; à l’aventure de la Formule 1, revivez les plus beaux moments de la carrière historique de ce grand monsieur, dont le talent n’a d’égal que la discrétion et la générosité.
En l’honneur de cette grande figure locale, le Conservatoire de la Monoplace Française sera accessible GRATUITEMENT à tous les spectateurs des Classic Days les 26 & 27 avril 2025 !
LES DÉBUTS

1957, le duel Tico Martini / Bill Knight
Renato Martini, surnommé plus tard « Tico », est né le 6 décembre 1934 à Pigna, en Italie, et a passé son enfance sur l’île de Jersey. Passionné de mécanique, il s’inscrit à sa première course automobile sur sable en 1957, avec une Cooper F3. Malgré un très beau duel avec le favori Bill Knight, Tico ne remporte pas cette première course, mais débute une grande amitié avec Knight. Il devient d’ailleurs responsable de l’atelier de mécanique d’un circuit de karting, dont le propriétaire n’est autre que son nouvel ami.
En 1960, Tico Martini construit son propre kart et devient alors champion des îles de la Manche. Il décide alors de construire sa première voiture, conçue avec un moteur Triumph de moto et des pneus de scooter. Cette première « Martini » permet à Tico de remporter la course de côte de Bouley Bay en 1961.
Remarqué pour ses performances, Tico est invité par David Good et Arthur Owen à rouler en Angleterre où il va également connaître la victoire.

1961, la première Martini
TICO INSTRUCTEUR
LA CRÉATION DE L’ÉCOLE WINFIELD
1963-1966
En 1963, Jean Bernigaud et le magazine Sport-Auto parviennent à faire venir l’école de pilotage Jim Russell à Magny-Cours afin de développer un vivier de jeunes pilotes talentueux sur le circuit. Bill Knight rachète le nom et le droit de ce cours et en assure les financements.
Il nomme Henry Morrogh comme directeur, et propose à Tico d’assurer la maintenance des monoplaces, les Lotus 18. Ses premières impressions sont mitigées : « un vrai circuit pour voitures, (…) d’authentiques machines de course, mais en pleine campagne ».

1963, Henri Morrogh premier instructeur de l’école de pilotage de Magny-Cours
Néanmoins il accepte. Vivant dans une caravane pendant deux ans, Tico se consacre entièrement à l’automobile, reçoit des cours de pilotage par Henry Morrogh et devient peu à peu instructeur.
Il lie de profondes relations amicales avec ses élèves, notamment Johnny Servoz-Gavin qui définit Tico comme : « un personnage à la mentalité mi-anglo-saxonne, mi-italienne; plutôt timide, quelque peu renfermé sur lui-même, calme et compréhensif, n’usant jamais de son autorité avec violence. Un être à l’état pur qui ne se trempe dans aucune compromission, entièrement livré à sa passion. »
Tico devient directeur administratif et technique de l’école, devenue « L’école Winfield ».


Jean-Pierre Jaussaud, Claude Vigreux,
Roby Weber et Tico Martini
Durant cette période, Jean-Pierre Jaussaud, Jacques Weber, Claude Vigreux et François Cevert, se succèdent au titre de Volant Shell, instauré à partir de 1963 et récompensant les meilleurs élèves de l’école Winfield.
En 1966, Bill Knight décide de se retirer des affaires et cède les parts de l’école à ses deux fils ainsi qu’à son ami Tico.
Tico Martini continue de rouler en amateur, d’abord sur une Lotus 23 Sport puis sur une Brabham F3, qu’il achète en 1967. Il participe à 7 courses sur le début de saison 1967, mais abandonne ensuite pour des raisons financières.
TICO CONSTRUCTEUR
1967-1972
L’école Winfield fait face à des problèmes financiers car ses voitures sont trop fragiles et les pièces de rechange trop chères. Tico Martini propose alors de réaliser lui-même les monoplaces de l’école, et en 1967 naît la MW1 (Martini Winfield), très proche de la Brabham. « Je ne pouvais absolument pas me permettre de me louper, sinon cette Martini était la première et la dernière. »

1967, la première MW1
Cette même année, Automobiles Martini construit la MW 1B qui débute, le 1 mai 1968, en Formule 3, aux mains d’Etienne Vigoureux.

1968, la MW 1B avec Tico Martini et Etienne Vigoureux
La qualité des voitures permet à Tico de remporter le Challenge XAS 1969, qui récompense les constructeurs, et renforce la notoriété de l’école. La MW3 F3 de Jacques Laffite sera la dernière MW, puisque dès 1970 sera produite la MK4, pour Martini Knight.
Dès 1970, 26 monoplaces sortent des ateliers de Magny-Cours et les bons résultats se succèdent pour Jacques Laffite avec deux victoires et une cinquième place au championnat Formule France.
En 1972, le pétrolier B.P. crée l’écurie B.P. Racing Formule Renault, dont les deux pilotes sont Jacques Laffite et Jean-Pierre Paoli. Jacques Laffite remporte le championnat avec une MK 8.
Une grande amitié naît entre Tico et Paoli. Ce dernier raconte : « J’ai une très grande admiration pour lui car le rôle de constructeur est ingrat. (…) La construction d’une monoplace est une opération dure et difficile à rentabiliser. Seule une passion immense justifie un tel choix. »
Avec la création de l’écurie B.P., Tico bascule dans le professionnalisme et propose à Jacques Laffite de devenir pilote-essayeur Martini. Pour Tico, le bilan de la saison 1973 est très positif : huit victoires de Laffite, dont le titre de champion de France, la victoire de Paoli sur le circuit de La Châtre et 38 voitures construites dans les ateliers de Magny-Cours.
Il est temps d’aborder la Formule 2…

1973, Jacques Laffite Champion de France avec la Martini MK12
LA FORMULE 2, PUIS LA FORMULE 1
Après de nombreuses hésitations, notamment financières, Tico Martini se lance dans la Formule 2. Mais la crise pétrolière de 1973 met un arrêt au programme F2, qu’il reprend à la fin de la saison 1973. Tico construit alors sa première coque, la MK16, et s’associe avec l’écurie de Hugues de Chaunac, Oreca.

Présentation de la Martini MK16 en 1975, avec Tico, Jacques Laffite, et Hugues de Chaunac

Tico Martini et Jacques Laffite dans les ateliers de Magny-Cours en 1975
Dès sa première sortie à Estoril (Portugal), départ de la saison 1975, première victoire pour Jacques Laffite avec la MK16, suivie du Nurburgring (Allemagne), Pau, et Enna (Italie). Jacques est sacré Champion d’Europe de F2.
1975 est aussi la consécration pour Tico en tant que constructeur, dont l’aura est renforcée par le monopole des Martini en Formule Renault et Renault Europe, avec Didier Pironi sacré Champion de France 1974, puis Champion d’Europe 1976.
En 1976, Laffite quitte Martini pour la Formule 1, et l’écurie enrôle Patrick Tambay et René Arnoux.
L’année 1977 est marquée par un coup d’éclat pour les Martini avec le titre de champion d’Europe pour René Arnoux au volant d’une MK 22.
Le succès des MK vont inciter Tico Martini et Hugues De Chaunac à se lancer dans l’expérience de la Formule 1, qui représente l’aboutissement de leur activité dans le sport automobile. C’est ainsi qu’apparaît la MK 23, équipée d’un V8 Cosworth et conduite par Arnoux. Malheureusement les résultats ne sont pas au rendez-vous et De Chaunac et Tico ont la sagesse d’arrêter la Formule 1 avant la fin de la saison, conscients des enjeux financiers.

René Arnoux au Grand Prix de Belgique 1978 sur la Martini MK23
Retour en F3 avec plusieurs titres de Champions de France et d’Europe entre 1979 et 1986, notamment Alain Prost Champion d’Europe en 1979, avec 7 victoires sur 11 courses et Yannick Dalmas Champion de France en 1986, ainsi qu’en F2 avec le titre de Champion de France pour Michel Ferté en 1984.

Alain Prost et la MK27 en 1979
Tout au long de ces années, l’école Winfield n’a cessé d’exister et a récompensé de nombreux pilotes de talent.

Tico et sa Formule 1 MK23