En 1970 Citroën s'associait avec l'une des icônes de l'automobile de prestige dont la seule évocation ramenait aux plus beaux exploits du sport automobile, notamment avec Juan Manuel Fangio : Maserati. De cette association est née la Citroën SM. Véritable fer de lance du luxe à la française, elle reste une des plus belle production de ces années, avec la malchance d'être née au mauvais moment ce qui écourtera considérablement son existence.
2020 est donc l'occasion de fêter les 50 ans de cette grande dame à l'occasion des Classic Days.
Avant cela nous vous proposons un petit retour sur l'histoire de la SM avec notamment pour l'anecdote un rappel de l'implication de notre cher Guy Ligier dans la production d'un certain nombre d'exemplaires de la Citroën SM.
En 1970 après la disparition des FACEL-VEGA, DELAHAYE et DELAGE, le créneau des voitures de luxe françaises reste vacant. Citroën envisage alors de conjuguer confort et performances, c'est ainsi que n'acquit l'idée d'élaborer avec Maserati un coupé digne des plus prestigieuses voitures de l'époque. Citroën de son côté construisit la voiture en 18 mois, un véritable tour de force pour le bureau d'étude français. Du côté transalpin, 2 mois furent nécessaires pour extrapoler du V8 de la Maserati Indy, un V6 capable d'emmener la SM à plus de 200 km/h. Le moteur fut longuement testé sur des prototypes de DS raccourcis et élargis qui ne laissaient pas indifférents les curieux. Après avoir longuement tourné sur les routes, le modèle de présérie lui est secrètement caché dans une ferme des Cévennes, où seront testées ses capacités en compétition.
La boite à vitesse est reprise de la DS et les techniciens se concentrent sur le comportement routier et l’agrément de conduite d’une traction avant puissante ce qui aboutit au développement de la direction à rappel asservi, la fameuse DIRAVI qui fera ensuite les beaux jours de la CX. Pour les pneus, Michelin étudie des enveloppes pour Ferrari qui conviennent très bien à la SM et pour la fabrication, la marque française va sous traiter l’emboutissage chez Chausson à Creil.
Côté style, celui de la SM est très particulier et directement inspiré par le vent. Elle porte d’ailleurs, comme beaucoup de Citroën, des jupes d’ailes à l’arrière. C’est dans ce sens que Robert Opron (styliste embauché par la suite par la Régie Renault, qui sera auteur entres autre de la Fuego) donna vie à des formes à la fois douces et vives qui inspirent vitesse et puissance. 178 teintes de peintures furent disponibles.
Présentée en mars 1970 au salon de Genève, la SM fait sensation, son extravagance est telle que lorsqu'au mois d'Octobre, le salon de Paris ouvre ses portes, la vedette est bien sûr la SM.La SM est lancée au Salon de Genève en mai 1970 aux côtés de la GS
Onéreuse et élitiste, la SM a séduit les 3 premières années de sa vie. Mais cela ne va pas durer. En effet, en 1973 arrive un évènement qui, va favoriser les 2CV et les Dyane, mais va faire plonger la SM : la crise pétrolière. Avec un tarif du carburant qui va largement augmenter et l'instauration des limitations de vitesse, la gourmande SM va devenir de plus en plus difficile à vendre. Citroën ne renonce pourtant pas. La même année, une injection électronique Bosch est disponible en option et permet de monter la puissance à 180 ch. Une boite automatique Borg-Warner fait également son apparition, de même que depuis 1971 des jantes Michelin RR en résine sont disponibles.
Début 1971, Guy Ligier produit ses propres coupés, JS1 puis JS2, à moteur V6 Maserati.
Ligier bénéficiera des concessions de la marque française pour exposer ses coupés. Les ateliers Guy Ligier produiront seulement 78 exemplaires de leur coupé de 1971 à 1975, subissant eux aussi la crise pétrolière.
Mais Ligier a de l’espoir car les liens noués avec Citroën vont lui permettre de produire la dernière centaine de Citroën SM de la fin de l’année de 1974 à 1975.
Mais malheureusement la SM ne se relèvera pourtant pas du choc pétrolier, et après l’intégration de Citroën dans le groupe PSA, ils vont être contraint d’abandonner la production de la SM.
En effet chez Peugeot on n’aime pas les dépenses inutiles, aussi quand la DS quitte la scène en avril 1975, décision est prise de retirer par la même occasion la SM du catalogue. Les derniers exemplaires seront donc assemblés chez Ligier et cela en sera fini pour la seule GT de Citroën. Au total donc, 12 290 exemplaires seront construits.
La SM et ses célèbres acquéreurs :
L'empereur Haile Selassie Ier d'Éthiopie a eu une SM alors que l'Ougandais Idi Amin Dada en possédait sept. Le Shah d'Iran a également beaucoup roulé en SM. Les acteurs américains, Burt Reynolds, Dinah Shore, Lee Majors et Lorne Greene, le secrétaire général du Parti Communiste d'URSS Léonid Brejnev, le compositeur John Williams, le footballeur Johan Cruyff, le journaliste Bernard Pivot, le critique gastronomique Pascal Remy et les comiques américains Cheech Marin et Thomas Chong étaient propriétaires de SM. Fernand Raynaud s'est tué en Rolls deux jours après que sa SM fut volée. Le sympathique animateur vedette de NBC Jay Leno, grand collectionneur de véhicules, en possède une. François de Grossouvre, l'ami de François Mitterrand, en a possédé une dans les années 70, avec laquelle il a fait de nombreux trajets avec le futur président.

Le côté sportive de la SM:
Au début des années 1970, Citroën construit un prototype raccourci, élargi et rabaissé afin de tester différentes solutions techniques sur une traction avant dotée de motorisations très puissantes pouvant aller jusqu’à 380 ch avec le V6. Aujourd’hui, cet exemplaire unique jaune, noir et rouge fait partie des véhicules historiques appartenant au conservatoire Citroen. Une fidèle copie réalisée par le garagiste Frédéric Daunat est souvent visible dans les rassemblements de Citroen.
En 1971, l’équipage DESCHAZEAUX / PLASSARD gagne le Rallye du Maroc avec une SM Groupe 4 en championnat international des marques.
En 1972, Guy Verrier participa aux essais qualificatifs des 24h du Mans avec une SM inscrite en catégorie « Tourisme Spéciale » mais ne parvint pas à se qualifier.
En 1987, une SM à turbocompresseurs modifiée par Jerry Hathaway a atteint 325km/h à Bonneville Salt Flats.
La Citroen SM ne fut jamais remplacée dans la gamme de son constructeur ; la version 4 portes sur châssis non rallongé ne verra jamais officiellement le jour même si Georges Regembeau, toujours lui, réalisa un exemplaire qui partit aux Etats Unis. Un deuxième exemplaire en cours de réalisation ne fut jamais terminé. Il dut être détruit à cause du mauvais état de la voiture suite à un long stockage dans de mauvaises conditions.