Pour fêter 75 ans de Formule 1, il nous fallait une immense figure de la monoplace : Emerson Fittipaldi est l’une d’elles.
Avec 144 Grand Prix de Formule 1 à son actif, 35 podiums, 14 victoires, et 2 titres de Champion du Monde en 1972 et 1974, 2ème en 1973 et 1975 : les Classic Days accueillent l’un des plus grands acteurs de l’histoire de la Formule 1 !
Quel grand bonheur de recevoir un tel invité d’honneur, un prodige, le plus jeune vainqueur en Formule 1 !
Découvrez ou redécouvrez l’exceptionnelle carrière de ce grand pilote, que vous aurez le plaisir de rencontrer les 26 et 27 avril prochains.
DES DÉBUTS FULGURANTS !
Emerson Fittipaldi est né le 12 décembre 1946 à São Paulo. Il commence sa carrière en moto, puis en karting, où il suit son frère Wilson, puis progresse rapidement vers l’automobile, notamment sur Renault Gordini.
En 1967, Emerson remporte le championnat local de Formule Vee.Le jeune Brésilien part en Europe en 1969, où il débute en Formule Ford, et passe la même année en Formule 3, dans l’écurie de Jim Russel, (ce même qui crée le Cours Jim Russel à Magny Cours en 1963, avant d’être repris l’année suite par Bill Knight qui fondera l’école Winfield), qui engage des Lotus. Emerson est brillant, et remporte le Lombank Trophy de 1969.
Emerson sur la Lotus 59 en 1969
Fittipaldi au Grand Prix de Grande-Bretagne à Brands Hatch en 1970
Quelques semaines plus tard à Monza, Jochen Rindt se tue lors des essais, et l’équipe Lotus, effondrée, déclare forfait pour la course. Le deuxième pilote officiel, John Miles, traumatisé par la mort de Rindt, annonce sa retraite immédiat.
PILOTE LEADER EN FORMULE 1 À 24 ANS...
Emerson, qui n’a que trois courses de Formule 1 à son actif, est propulsé du rang de troisième pilote à leader de l’écurie ! Et dès la course suivante, le Grand Prix des États-Unis, il s’offre sa première victoire. Rindt est couronné Champion du Monde à titre posthume.
Si la saison 1971 qui s’annonçait radieuse est décevante pour le brésilien, c’est en 1972 que tout va se jouer … Face à Jacky Ickx, Jackie Stewart et Denny Hulme, il remporte 5 des 12 Grand Prix, termine 2ème à deux reprises, et devient, à 25 ans, le plus jeune champion du Monde de l’histoire de la Formule 1 ! Record qu’il conservera jusqu’à la victoire de Fernando Alonso à 24 ans en 2005.
Ce succès, assez inattendu, provoque un élan populaire du Brésil pour la Formule 1, et préfigure les carrières de Piquet, et Senna notamment.
L’année 1973 est une année noire pour Emerson, avec de nombreux soucis en course et un profond désaccord avec son équipier Peterson. Il finit par quitter l’écurie Lotus, et rejoindre McLaren, qui a effectué une belle saison 1973. Le brésilien est associé au champion du monde 1967, Denny Hulme.
Pour la saison 1974 Emerson affronte les puissantes Ferrari de Clay Regazzoni et de Niki Lauda. A trois courses de la fin, le pilote McLaren ne pointe qu’au quatrième rang. Mais la tendance s’inverse sur la fin de la saison. Emerson Fittipaldi est double champion du monde.
Niki Lauda, Clay Reggazzoni et Emerson Fittipaldi en 1974
La Ferrari 312 B3 de Lauda et la McLaren M23 de Fittipaldi en tête de la première ligne de la grille au Grand Prix du Canada 1974
Il resigne évidemment avec McLaren pour 1975, en espérant bien sûr décrocher une troisième couronne. Hulme parti à la retraite, c’est Jochen Mass qui devient son équipier. La voiture entame sa troisième saison de compétition, et sa tenue de route laisse à désirer. Emerson abandonne la couronne à Niki Lauda. Il réalise malgré tout quelques belles victoires, dont celle à Silverstone, où il fait le choix de rester en pneus slick sous la pluie ! Il réussit tout de même à finir vice-champion, grâce à deux 2ème places en fin d’année, mais le cœur n’y est plus. Il décide donc de quitter l’écurie McLaren.
PILOTE ET TEAM MANAGER
Le frère d’Emerson, Wilson, très bon pilote au Brésil, ne percera jamais en Formule 1.
Fin 1974, il décide de lancer le projet d’une voiture 100% brésilienne, en profitant de la gloire de son frère. Le projet reçoit l’appui de la compagnie national sucrière, Copersucar, qui donne son nom à l’écurie. Wilson est pilote et team manager la première année, mais l’équipe ne ramène pas de point. Il décide de se consacrer uniquement à la gestion de l’écurie, et va convaincre son frère de le rejoindre.
Emerson apporte à Copersucar son expérience, mais aussi des ingénieurs britanniques. La saison 1976 est un tout nouveau départ pour lui, car il doit s’habituer aux fonds de grille. La monoplace manque de fiabilité, et s’il ramène trois 6ème places, il subit aussi l’affront d’une non-qualification. Si la saison 1977 est plus positive avec trois 4ème places et une 5ème place, elle ne lui permet cependant pas d’égaler ses anciens exploits.
Durant l’intersaison, Emerson devient dirigeant du team, et l’écurie va développer une nouvelle voiture. Mais l’équipe perd son sponsor principal. Elle termine septième du championnat des constructeurs, avec dix-sept points. La direction de l’équipe commence à sérieusement peser sur Emerson.
La saison 1979 est un cauchemar, avec une voiture lente et peu fiable. Emerson termine 21ème du championnat. A la fin de l’année, l’écurie Fittipaldi semble sur le point de disparaître. Mais l’’équipe canadienne Wolf, après une mauvaise saison 1979, conclue un accord avec Fittipaldi.
La saison 1980 commence bien pour la nouvelle équipe, qui aligne deux voitures, avec Rosberg et Fittipaldi, mais la voiture ne tient pas ses promesses. A la fin de la saison Emerson décide d’arrêter sa carrière en Formule 1. Il revient comme team manager de Fittipaldi Automotive en 1981 et 1982, mais sans résultat, et les frères Fittipaldi décident de laisser tomber définitivement l’aventure.
L'AVENTURE AMÉRICAINE
Il se tourne vers les USA pour 1984, et s’engage dans le championnat IndyCar, qu’il termine 15ème. Il court également pour la première fois les 500 Miles d’Indianapolis.
En 1985, il rejoint l’équipe Patrick Racing, et décroche trois podiums avant d’emporter sa première victoire dans le Michigan. Il finit 6ème du classement général.C’est en 1988 que sa carrière américaine décolle, avec une seconde place aux 500 Miles.
Enfin, 1989 va être « son » année. A 42 ans, il remporte les 500 Miles d’Indianapolis et enchaîne ensuite trois victoires consécutives, à Détroit, Portland et Cleveland, et remporte le Championnat IndyCar.
Emerson pose avec le million de dollars reçu en récompense de sa victoire aux 500 Miles d’Indianapolis en 1989
A partir de 1990 Emerson rejoint l’écurie Penske, et remporte à nouveau les 500 Miles en 1993 devant Arie Luyendyke et Nigel Mansell, et termine vice-champion de la saison, ainsi que l’année suivante.
En 1996 il est victime d’un accident en course, suivi d’un accident d’ULM en 1997, qui le décident à mettre un terme à sa carrière de pilote.
TO BE CONTINUED...
Si Fittipaldi raccroche le volant, il ne s’éloigne pas des circuits pour autant, et reprend la casquette de team manager.
En effet, fin 2002, il devient copropriétaire de l’écurie Fittipaldi-Dingman Racing en ChampCar, ex IndyCar, avec le pilote Tiago Monteiro. Malheureusement l’écurie ne brille pas pendant la saison, et Emerson met fin à l’aventure.
En 2005 il devient manager de l’équipe du Brésil d’A1 GP, les « Jeux olympiques » du sport automobile durant l’intersaison. Le Brésil y obtient quelques succès, grâce à Nelson Piquet Junior. Emerson occupe cette position jusqu’à la disparition de l’A1 GP en 2009.
Emerson Fittipaldi reste une figure active du monde du sport automobile. Il participe aux Grand Prix Masters Series, qui réunit les anciens champions de Formule 1, en 2005 et 2006, s’engage dans le Championnat brésilien de GT3 en 2008, et en 2014, à 67 ans, il participe aux 6 Heures de São Paulo, dans le cadre du Championnat du monde d’endurance de la FIA.
